Oh ! Les beaux jours
15.05.67 17.05.67

Oh ! Les beaux jours

  • Une pièce de

    Samuel Beckett

  • Mise en scène

    Roger Blin

L

e Rideau Vert, ses directrices, ses comédiens et les artisans de son théâtre, sont heureux et fiers de souhaiter la plus cordiale, la plus sincère, la plus amicale bienvenue à Madeleine Renaud, de l’Odéon-Théâtre de France, qui veut bien donner chez lui, une reprise du drame de Samuel Beckett Oh ! Les beaux jours.

Le chef-d’oeuvre de Beckett, créé par Madeleine Renaud sur les grandes scènes du monde, lui a donné un des grands triomphes de sa carrière et le public de Montréal, qui assista, en avril  1964, au Théâtre du Rideau Vert, à la première canadienne de Oh ! Les beaux jours, le sait bien.

Mêlant tragique et comique, cette pièce présente une situation très absurde. On pourrait dire qu’il s’agit en réalité d’une pièce sur rien car personne n’écoute Winnie, personne ne lui répond et elle se trouve dans un endroit désert, enterrée jusqu’au cou, s’enfonçant peu à peu. En général dans les pièces de théâtre, il y a quelque chose : une action qui arrive, passe et s’en va. Ici, il y a quelqu’un : une femme qui est là. Une femme est là, enlisée jusqu’à la taille, au milieu d’un sol aride, une terre brûlée par le soleil. À l’instant où la représentation commence, le temps a fait son œuvre, la vie s’est écoulée. Il ne reste plus que quelques secondes.

Oui, j’ai l’impression de plus en plus que si je n’étais pas tenue de cette façon, je m’en irais tout simplement flotter dans l’azur… simple hasard, je présume, heureux hasard. Oh oui, de grandes bontés, de grandes bontés.

En fait on n’a rien pu faire : « On ne peut rien faire. » On n’a pas pu dire grand-chose: « Il y a si peu qu’on puisse dire ». La terre va bientôt craquer. Il semble qu’elle a perdu son atmosphère. Le globe ? Peut-être en reste-t-il quelques restes ? Ce pourrait être bientôt le froid éternel, la glace éternelle. Et de tout cela il y a si peu dont on puisse parler. Cette femme est là, tenue à la taille de cette façon, n’ayant plus que d’elle à s’occuper, de quelques affaires renfermées dans son sac (toute sa vie !) et derrière elle, à peu près invisible, un homme qui fut et qui semble être encore tout ce qui reste de sa vie. Une ombre d’homme qui « attend », en se rôtissant les fesses au soleil, en détaillant à l’occasion une carte-postale obscène, en rongeant son mouchoir quand il ne peut plus dormir.

Un dernier couple d’êtres humains s’est un moment fourvoyé par ici « main dans la main, chacun une sacoche; puis se sont éloignés, flous, puis plus, puis rien ». Nous sommes au terme de la Vie. Au terme de Tout.

C’est en côtoyant d’aussi près le néant et le désespoir que Beckett réussit cette espèce d’hymne à la vie, à l’amour, à la joie, à la reconnaissance, à la grâce.

 

CONSULTEZ LE PROGRAMME DE SOIRÉE ICI

Mise en Scène

  • Roger
    Blin

Distribution

  • C Dick Darrell
    Madeleine
    Renaud
  • Michel
    Bertay
  • Une pièce de

    Samuel Beckett

  • Mise en scène

    Roger Blin

  • Concepteurs

    Décors MATIAS